Le RCS joue la carte jeunes
17 juillet 2017
La dématérialisation des archives du Registre du commerce et des sociétés (RCS) se poursuit. Avec une nouvelle équipe projet composée de lycéens et collégiens en stage, mais aussi de plusieurs bénévoles en recherche d'expérience professionnelle et qui comptent bien intégrer l’administration calédonienne une fois ce travail achevé.
Maguy, Romain, Lahmanagoj et Clément s’activent sur le scanner. Statuts, comptes annuels, procès verbaux… tout y passe. « C’est un peu répétitif, mais ça va. Faut juste faire attention de ne pas se mélanger dans l’identification des documents », indique Romain, comme Maguy en 1re gestion des entreprises au lycée Saint-Joseph de Cluny. “Lahm” et Clément, eux, viennent du lycée Do Kamo et du collège de Païta. Ils ont déjà effectué des stages, à l’état civil de Nouméa et à la mairie de Païta. Depuis le 3 juillet, et pour cinq semaines, ces quatre élèves viennent chaque jour de 7 h 30 à 16 h numériser les archives du RCS, un service dépendant de la direction des Affaires économiques (DAE) de la Nouvelle-Calédonie. « J’ai proposé à leurs professeurs une liste de dix activités correspondant à leurs référentiels de stage, et une fois par semaine je dresse un bilan de ces activités », explique Emeline Boivin, jeune chef du RCS qui pilote l’opération.
Le groupe compte également cinq collaborateurs bénévoles. Edith et Rachel, deux jeunes mamans, Natacha, diplômée d'un BTS, en emploi PPIC (programme provincial d’insertion citoyenne) à Païta et qui vient donner la main l’après-midi, et Dylan, un jeune déscolarisé, aidés par Léa, une étudiante en master de droit des affaires. Depuis le 26 juin, tous viennent travailler en fonction de leurs disponibilités.
Une envie énorme
« La particularité de l’équipe projet tient à son aspect très social et aux objectifs de formation professionnelle et d’insertion qui animent le service, poursuit Emeline. J’ai senti une légère déception quand ils ont appris qu’ils ne seraient pas rémunérés, mais j’ai pu les convaincre de la nécessité de mener ce projet à son terme ». Et dès la première réunion, Edith et Rachel s’engagaient à rester jusqu’au bout. « Voir des personnes avec une telle envie m’a vraiment estomaquée ! »
La trentaine, Rachel a deux enfants et travaille à temps partiel dans une cantine scolaire. Elle fait tous les jours deux allers retours en bus depuis Koutio, le matin, puis en début d’après-midi. Dylan, 19 ans, a obtenu son bac SMG l’an dernier. Depuis il se cherche, rentre à Kouaoua le week-end aider son oncle à charger les minéraliers. Il est venu au RCS pour un mois, Emeline insiste pour qu’il reste jusqu’à la fin de la dématérialisation (elle devrait durer trois ou quatre mois supplémentaires) et qu’il ait ainsi « d’autres arguments à présenter sur son CV ». « C’est un jeune hyper sérieux, je réfléchis avec lui à une stratégie professionnelle, on discute beaucoup. »
« L’administration, c’est mon truc ! »
En “échange”, les volontaires reçoivent une formation sur la gestion électronique des documents (préparation, tri, identification) et acquièrent des bases juridiques sur le droit des sociétés. La responsable du RCS surveille en parallèle les AVP susceptibles de convenir à ses protégé(e)s. Aide à la rédaction d’un CV et d’une lettre de motivation, préparation à un entretien et lettre de recommandation à l'attention d’un futur employeur constitueront le “package” qui sera remis à chacun à son départ. Un accompagnement bien mérité : « Cette équipe est vraiment dynamique et ces personnes de confiance ».
À l’image d’Edith, 30 ans et quatre enfants de 1 à 7 ans, qu’elle dépose à l’école le matin et récupère dans l’après-midi après avoir quitté les bureaux du RCS, sur le chemin retour vers la Conception. Son dernier emploi remonte à 2010. Auparavant elle avait multiplié les petits contrats de secrétariat, sans réelle motivation. Aujourd’hui elle y croit : « L’administration, c’est ce que j’aime, c’est mon truc ! Et j’espère sortir avec un emploi à la clé. Emeline m’aide beaucoup, je sais qu’avec elle je trouverai quelque chose ».
Edith a arrêté l’école au BEPC. « Je regrette beaucoup, j’aurais pu aller très loin, je n’étais pas si bête. » Mais la vie en a décidé autrement. « J’ai perdu mes grands-parents qui m’avaient élevée. J’étais jeune, je ne savais même pas que la mort existait… Je me suis retrouvée toute seule du jour au lendemain », confie-t-elle, les yeux humides. Avant de se tourner vers ses jeunes collègues : « Eh la bande, faut pas lâcher l’école ! ».
Conformément à la volonté du gouvernement
La dématérialisation a débuté le 4 janvier dernier. La première équipe était composée de cinq jeunes Calédoniens âgés de 18 à 25 ans, recrutés pour cinq mois. Deux issus du RSMA, trois en recherche d'emploi. Pour la suite, la DFPC a transmis à la DAE une liste de sept candidats ne pouvant bénéficier de la formation professionnelle continue ou en recherche de réinsertion. Et quatre d’entre eux ont été retenus. « La composition de cette deuxième équipe répond à la déclaration de politique générale d’avril 2015 et à la volonté du gouvernement de miser sur la jeunesse et de favoriser la formation et l’emploi de Calédoniens exclus du marché du travail et en recherche de réinsertion sociale et professionnelle », affirme Emeline Boivin.